Une nouvelle stagiaire photo au studio, et pas des moindres ! Elle s’appelle Maëva, elle est pleine de bonne volonté, et sa réflexion autour de la photothérapie est des plus intéressantes ! Hâte d’avoir votre retour !
Je m’appelle Maëva, j’ai 20 ans, cela fait maintenant deux ans, j’ai commencé mes études en photographie.
Je suis née prématurée. Et depuis ma naissance, j’ai un handicap : une hémiparésie gauche. Je suis dans un parcours de soins perpétuel auprès d’ergothérapeutes, kinésithérapeutes et orthophonistes. Le soin a toujours fait partie de ma vie. Il est donc, je pense, naturel que j’ai souhaité me diriger dans un parcours professionnel relatif au soin.
J’ai souhaité tout d’abord être soigneuse équin. Mais, il y a cinq ans, durant un stage, j’ai reçu un coup de sabot dans le visage, m’abimant l’œil gauche. Aujourd’hui, j’ai très peur des chevaux et je souhaiterais dépasser cette peur, mais pour l’instant, je ne me sens pas prête.
Pourquoi la photothérapie ?
Par Maëva • 20 ans • BTM photo • Campus des métiers et de l’entreprise • Bobigny (93)
La photo thérapie, d’après Wikipédia, c’est ça : C’est une thérapie qui vise à réparer l’estime de soi. Je crois que j’ai commencé à m’intéresser à la photo thérapie pour plusieurs raisons :
Accepter mon nouveau visage
Car oui, ce n’est pas facile d’accepter son nouveau visage du jour au lendemain, mais j’ai appris à aimer mes cicatrices. Je pense que ce qui m’a aidé à m’accepter, c’est prendre soin de moi, ne pas me cacher, faire des autoportraits pour voir mon évolution, et bien sûr, être bien entourer.
Et comme disent mes sœurs « ton petit œil fait ton charme !! »
Apprécier mon corps de femme
Je pense que toute femme, un moment donné de sa vie, est amenée à apprivoiser son corps. Moi, c’était dans mon adolescence. J’ai commencé à me détacher du regard des autres en effectuant un exercice très simple : me regarder dans un miroir régulièrement. Et c’est grâce au temps et à cette habitude de me regarder que j’ai arrêté de me cacher et que j’ai assumé ma différence. Donc selon moi mieux vaut s’aimer en premier, car personne ne le fera mieux que nous !!!
L’histoire de Douze février
Julie Bourges, plus connue sous le nom de @douzefevrier m’a beaucoup aidé grâce à ses témoignages sur les réseaux. À l’âge 16 ans, Julie, le douze février 2013, participe au carnaval organisé son lycée avec ses amis. Elle décide de se déguiser en mouton pour le carnaval. Avant de rentrer chez elle, elle va fumer une cigarette. Mais tout bascule. Son costume prend feu. Elle est brûlée au troisième degré. Elle est ensuite plongée pendant trois mois dans un coma artériel afin de réaliser plusieurs greffes de peau. Après son réveil, l’acceptation de son corps fut très dur pour elle. Elle sortira de l’hôpital six mois après son accident.
Je me dis qu’un accident n’est pas une fatalité, mais qu’il faut accepter et avancer avec. Ses photos sur Instagram m’ont fait réaliser que je voulais aider les personnes grâce à la photographie. Il est difficile de poser face à un objectif quand on n’est pas à l’aise avec son corps. Et je pense que le plus beau cadeau qu’une photographe puisse faire, c’est accompagner ces personnes dans l’acceptation de leur image.
Pour la petite information, Julie a lancé un mouvement/challenge #enlevetonfiltre sur les réseaux sociaux afin de briser les diktats de la société actuelle.
Mes études en photographie
Mes études en photographie m’apportent beaucoup de choses comme la théorie (parfois rébarbatif), mais je préfère la pratique. Et au-delà de ces aspects, j’aimerais apprendre à guider les gens et les mettre à l’aise. Mais je sais que pour cette partie, je dois aussi être à l’aise de mon côté, et ce n’est pas toujours évident.
Faire de la photo m’a beaucoup changé en deux ans. Au début, je n’aurai jamais oser être devant l’appareil. Mais aujourd’hui, je suis plus à l’aise avec cela et j’aime ça ! J’ai commencé la photographie en me disant que pour moi, c’est une façon de provoquer de l’émotion chez les personnes. Et aujourd’hui, je sais que j’ai fait le bon choix.
(Même une photo d’un objet peut aussi provoquer une émotion)
Par exemple, j’ai fait cette photo et elle m’évoque les choses simples de la vie nature, cette image me donne le sourire !
Un jour, une personne m’a dit que si je devenais photographe thérapeutique, je me ferais de l’argent sur le malheur des autres. Quand j’ai entendu ça, je suis remise en question tout de suite en me demandant si ça ne va pas être mal interprété par des personnes. Alors que pour moi, c’est aider les personnes à s’accepter comme ils sont et leur faire du bien. C’est pour cela que je me suis intéressée particulièrement à la photo thérapie : pour m’aider d’abord et pour aider les autres après !!! Après mon accident, l’envie d’être photographe thérapeutique est venue comme une évidence. Je pense qu’il faut toujours croire en soi, ne pas abandonner à la première critique.
Retour de stage
Au-delà d’un retour de stage global comme je peux le demander à tous mes stagiaires, j’ai demandé à Maëva de me faire un retour sur la journée passée à la Maison Grégory Lemarchal. Une intervention qui la marquera sûrement dans son parcours dédié à la photothérapie.
Cette journée a été pour moi une expérience en or pour la photographe que je voudrais être, mais aussi pour la personne que je suis. Cela m’a conforté dans mon envie de devenir photographe thérapeutique. J’ai pu participer aux ateliers photo avec Agnès. Dans un premier temps, elle écoute, échange et mets à l’aise les participants sur leur relation avec leur corps, dans un second temps, elle les rassure avant de passer à la prise de vue. Je tiens à remercier les participants de m’avoir laissé observer l’atelier photo et me partager un bout de leur histoire.
Ce stage m’a permis de voir une facette différente du métier du photographe. Quelque chose qui m’a marqué durant ce stage, c’est comment Agnès sait gérer sa communication et elle est très forte pour cela. J’ai beaucoup aimé qu’Agnès me demande de faire cet article, car j’ai pu faire une introspection de moi malgré le fait que parler de soi est difficile. Pour finir, merci à Agnès de m’avoir accueilli pendant trois semaines !!!
Mon retour à moi
Maëva a été une jeune fille avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler. Elle s’est montrée curieuse sur l’ensemble du stage et je l’ai sentie très investie dans la réalisation de cet article.
Hâte de voir la suite de son évolution !